En ce début de mois d’octobre 1993, le monde de la grosse balle orange s’est soudainement arrêté de tourner. L’impensable venait de se réaliser. Michael Jordan, le dieu du basket, l’icône de tout un peuple, vient d’annoncer son retrait des parquets. Complètement vidé psychologiquement et physiquement après le terrible assassinat dont a été victime son père, MJ annonce avoir besoin de s’éloigner du milieu du basket. Portée depuis près d’une décennie par les exploits et l’aura planétaire de sa méga star, la NBA tremble. Pris de cours par cette annonce brutale, la grande ligue US craint de perdre une grosse partie de l’intérêt et de l’engouement de ses nombreux fans. C’est donc orpheline de sa principale attraction que cette saison débute. Première équipe directement impactée, les Chicago Bulls doivent désormais apprendre à vivre et à jouer sans leur omniprésent leader. Un (gros) mal pour un bien pour plusieurs joueurs de l’effectif de la formation de l’Illinois qui vont voir leurs responsabilités décuplées.
En tête de liste, Scottie Pippen, éternel lieutenant de sa Majesté qui se voit confier les rênes de l’équipe. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ailier des Bulls va remarquablement s’en sortir. Auteur de sa meilleure saison statistique en carrière (22 points, 8,7 rebonds, 5,6 passes et 2,9 interceptions de moyenne), Pippen fait l’unanimité auprès de tous. Consécration suprême, il est élu MVP du all-star game qui se déroule à Minnesota. Derrière le nouveau leader de Chicago, d’autres joueurs vont également gonfler leurs stats. C’est le cas d’Horace Grant, joueur de l’ombre par excellence, qui réalise lui aussi sa saison la plus accomplie. Le power foward tournera à 15 points et 11 rebonds par match. Dernier symbole des Bulls du début des 90′, le toujours jeune B.J Armstrong réalisera également sa meilleure saison (14,8 points et 3,9 passes). Mais le plus impressionnant ne réside pas dans cette évolution de statistiques personnelles, mais bel et bien dans les résultats collectifs affichés par les Bulls cette saison. Etre privé de Michael Jordan, c’est être privé du meilleur joueur du monde, celui qui tourne à près de 33 points par match, celui sur lequel reposent bon nombre de responsabilités et autour duquel tourne le jeu.
Les ex coéquipiers du numéro 23 l’ont bien compris, s’ils veulent continuer à dominer, cela passera par le collectif et ce fameux système en triangle si cher au coach Phil Jackson. Unis comme jamais, avec un Pippen en chef de meute, les Bulls vont réaliser une magnifique saison régulière, terminant l’exercice avec un bilan de 55 victoires pour 27 défaites, soit le troisième meilleur bilan de la conférence Est, juste derrière les Atlanta Hawks et les New-York Knicks (57-25 chacun). En playoffs, les protégés de Jerry Reinsdorf, après avoir sorti les Cavs en trois matchs, retrouvent leurs meilleurs ennemis en demie finale de conférence, les Knicks. Assoiffés de revanche après plusieurs éliminations successives, les coéquipiers de Pat Ewing, rassurés par l’absence de leur bourreau en chef, abordent plutôt confiants cet affrontement. Mais dans le sillage d’un excellent Pippen, les joueurs de la Big Apple vont trembler jusqu’au bout. Aux termes de matchs âpres, toujours très physiques et parfois plus que tendus, il faudra un septième et dernier match décisif (perdu 77-87) pour que les Bulls rendent les armes, la tête haute.
Magnifique résumé de la demi-finale 94 et de la rivalité Knicks – Bulls :
La suite on la connaît, Michael Jordan reviendra au cours de l’année suivante et les Bulls redeviendront « son » équipe, mais l’espace d’une saison, les joueurs de l’ombre se sont montrés au grand jour et on fait bien plus que dépasser les prévisions et autres pronostiques qui n’ont jamais cru que les Bulls pouvaient exister sans MJ…
Scottie Pippen et les Bulls, saison 93-94 :