De cet Eurobasket 1999 disputé en France avec au final une quatrième place synonyme de qualification directe pour les JO de Sydney, il restera à jamais un énorme sentiment de frustration. Car si le contrat fut rempli, le potentiel de la formation tricolore laissait entrevoir au moins une place sur le podium, voir mieux. Mais une blessure au genou et quelques conflits internes plus tard ont eu raison des plus folles ambitions.
Vu les matchs de préparation et le début de compétition, tout semblait réuni pour sortir le basket français de l’ombre et lui offrir cette fenêtre médiatique tant attendue. Quoi de mieux en effet qu’un championnat d’Europe organisé sur notre bon vieux sol, le premier joueur NBA made in France qui cartonne, le journal de TF1 (oui oui) qui parle de nos bleus au 20H ? Après des années de galères, le coach Jean-Pierre De Vincenzi choisit de se séparer du leader offensif de l’époque en la personne de Yann Bonato pour confier les clefs de l’équipe à Antoine Rigaudeau.

Toute la puissance de Tariq Abdul Wahad
En doublure du « Roi », on retrouve l’incontournable Laurent Sciarra et le combo-guard Moustapha Sonko. A l’aile, surfant sur le succès de ses premières sélections, Tariq Abdul-Wahad apporte un rapport puissance-explosivité jamais vu à ce niveau. A ses cotés, Laurent Foirest, Alain Digbeu et Stéphane Risacher complètent la formation arrière. Dans la raquette, l’inévitable Jim Bilba partage les taches défensives avec le vieux Ronny Smith et le tout jeune Fred Weïs alors que Cyril Julian et Thierry Gadou sont conviés à apporter des points « in the paint ».

L’effectif 99 au complet
Les premiers matchs de poule vont confirmer tout le bien que l’on pense de cette équipe. Sur les ailes d’un TAW qui impose son physique hors norme (24 et 19 points dont un bon paquet de dunks lors des deux premières rencontres), la France, privée de Rigaudeau, ne s’incline que logiquement contre la Yougoslavie (52-63). Place au deuxième tour avec guise d’ouverture, un match fantastique joué devant le formidable public palois qui voit ses tricolores laisser les redoutables espagnols à 17 longueurs (74-57) lors d’un match maîtrisé de bout en bout. Puis, les bleus continuent brillamment leur parcours en venant à bout des Russes (66-62). Maintenant qualifiée pour les 1/4 de finale, la bande à De Vincenzi a rendez vous avec son destin. Une victoire et c’est le billet en poche pour les jeux olympiques de Sydney, l’objectif numéro 1 des Bleus.

Les félicitations de Lionel Jospin après la qualification pour les jeux olympiques
Ce sera face à la très jeune formation Turque, privée de son joyau Mirsad Turkçan. Au cours d’un match fermé, où la défense a (largement) pris le pas sur l’attaque, les bleus vont jouer petit bras, mais grâce à un Lolo Foirest décisif (15 points à 6/7) en fin de match, ils s’imposent de justesse (66-63) et décrochent leur billet pour l’Australie. Les médias s’emparent alors de la « hype ». France télévision diffuse le match en direct. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Les bleus ont le soutien d’un supporter de poids en la personne de Lionel Jospin, vrai passionné de basket et accessoirement premier ministre…
Têtes basses et chaussettes hautes…
La demi-finale voit les tricolores retrouver les espagnols, ces mêmes joueurs qu’ils avaient corrigé une semaine auparavant à Pau. Le match commence avec une première grosse surprise. Pas de TAW sur le parquet de Bercy à l’entre deux. Le joueur des Kings souffrirait du genou. A sa place, Alain Digbeu, frustré de ne pas avoir jusqu’alors pu s’exprimer, commence la rencontre tambours battants. Mais nos voisins hispaniques sont dans leur match. Dans le sillage de ce diable d’Herreros (29 points au final), ils vont notamment prendre le contrôle des airs (36 rebonds à 22) et bloquer toute tentative de retour des bleus. La messe est dite. La France s’incline (63-70) et voit ses rêves de finale s’envoler. Dans le même temps, s’en suit des débuts de bruits de couloirs. Face au « cas » Abdul-Wahad, qui ne s’exprime quasiment plus, vient s’ajouter le problème dit du clan des chaussettes hautes (TAW, Digbeu, Sonko) accusé de faire bande à part.
Sciarra ira même jusqu’à pousser la provoque en remontant à son tour ses belles chaussettes blanches… On sent qu’un ressort est cassé dans la maison bleu. Le match pour la 3 ème place le confirmera. Dominée par Divac (19 points) et compagnie, l’équipe de France, sans TAW, termine de façon étrange cet euro qui aurait pu véritablement hisser le basket français vers les sommets. Certes l’objectif principal, la qualification pour les jeux olympiques, est atteint, mais Jean-Pierre de Vincenzi semble être le seul à pleinement s’en contenter. Dommage, car tous les ingrédients semblaient réunis pour permettre au basket français de décoller. Mais une fois n’est pas coutume, le rendez-vous est (partiellement) manqué…
Rétroliens/Pingbacks